Yoann Gillet, journaliste tourangeau : « J’ai vite compris que c’était chez Charlie Hebdo »
Publié le
Le 7 janvier 2015, juste après la fusillade à Charlie Hebdo, le journaliste tourangeau Yoann Gillet arrive sur les lieux. Six ans plus tard, il raconte…
Cela faisait trois mois qu’on suivait Bernard Cazeneuve pour un documentaire sur le ministre de l’Intérieur et son cabinet, un ministère au cœur de toutes les crises, un ministère en mode alerte en permanence… » Ce 7 janvier 2015, en fin de matinée, le journaliste tourangeau Yoann Gillet, qui travaille depuis des années aux côtés du réalisateur Serge Moati, est à Boulogne-Billancourt quand il entend à la radio qu’une fusillade a eu lieu dans le XIe arrondissement de Paris, rue Nicolas-Appert. « J’ai vite compris qu’il s’était passé quelque chose chez Charlie. J’ai appelé un taxi et j’ai contacté Serge (Moati) et nos deux cameramen pour nous retrouver sur les lieux. Le chauffeur a mis les infos. Et là, je me suis effondré. On se voyait régulièrement avec les gars de Charlie Hebdo : Wolinski, Cabu, Charb… »
En immersion dans le bunker opérationnel, place Beauvau Arrivé sur place, Yoann parvient à franchir les barrages de sécurité et aperçoit devant l’entrée du journal son ami, le journaliste Arnauld Champremier-Trigano, qui est aussi le gendre de Wolinski à l’époque. « Il me fixe et me fait signe qu’il y a eu un carnage… »
Dans l’après-midi, Yoann et Serge Moati se retrouvent place Beauvau. Et les jours qui suivent aussi. « Nous obtenons l’autorisation de filmer dans la War Room (la salle de guerre), où est activée la cellule de crise du gouvernement dont Bernard Cazeneuve prend la conduite des opérations. La traque des terroristes se met en place. Tous les patrons des forces de sécurité du pays sont là, police, gendarmerie, Raid, GIGN, renseignements… »
Deux jours plus tard, Yoann Gillet et Serge Moati sont dans le « bunker » de la place Beauvau quand l’alerte tombe qu’un terroriste retient des otages dans une supérette de Vincennes. Ils continuent de filmer ces moments historiques. Ils sont là aussi, au cœur du QG opérationnel, au moment de l’assaut simultané contre les frères Kouachi à Dammartin et Coulibaly à l’Hyper Casher. Et deux jours plus tard encore, pour filmer la manifestation gigantesque place de la République.
Le documentaire exceptionnel, « L’Intérieur au cœur des crises », sera diffusé au mois de juin suivant sur France 3 (*). Six ans plus tard, avec le recul, Yoann déplore que « la liberté d’expression a reculé, la peur a pris le dessus dans l’opinion, les gens ont la trouille, on se tait. Si les gens de Charlie Hebdo ne sont pas morts pour rien, il va encore falloir le leur prouver… »
Journaliste, rédaction de Tours